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Ni Putes Ni Soumises 56
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22 novembre 2008

De Bukavu.

Lettre de Eve Ensler

Chères amies et chers amis,

En premier lieu, je tiens à vous remercier pour vos merveilleux mots d’encouragement reçus lors de ma précédente lettre.
Je vous sens avec moi et cela me donne force et courage. Nous sommes dimanche matin. Les oiseaux chantent déjà au milieu de toute cette nature si verte de Bukavu. Je vais devoir trouver les mots pour décrire la guerre et la folie dans l’est du Congo.

Le lendemain matin de mon arrivée ici, des bandits ont attaqués l’hôpital Panzi. Le personnel de l’hôpital a combattu les attaquants avec des bâtons. Les ambulances ainsi que des véhicules de transport ont été vandalisés. Les vitres de l’hôpital ont été détruites. Patients et personnel soignant ont été blessés. J’ai vu le visage tuméfié d’une femme qui avait fait le chemin jusqu’à l’hôpital après avoir été violé, pour constater que l’endroit qu’elle considérait sûr n’était hélas pas sûr. Il est difficile de dire pourquoi cette violence a éclaté. Il y a eu un incident violent à l’intérieur de la communauté, et la province sud de Kivu est en partie une province violente. La population dans son entier est  traumatisée par 10 ans  de génocide et de fémicide. Les chiffres parlent de 5 millions de morts au Congo et de centaines de milliers de femmes victimes de viol. Sur les 6 premiers mois de 2008, 3500 cas de viols ont été dénoncés pour le nord et le sud de la province de Kivu. Les conséquences psychologiques pour la population sont profondes et énormes. L’attaque de l’hôpital a augmenté considérablement la tournure que peuvent prendre les choses somme toute rapidement, en montrant qu’il n’y a pas de gouvernement et pas de sécurité. La police a mis 4 heures avant de réagir.

Après l’attaque de l’hôpital, tout le personnel spontanément s’est mis en route vers les bureaux gouvernementaux.
Nous avons pu marcher avec eux pendant un moment mais la violence est revenue vite. Le personnel a été contraint  de rebrousser chemin, certains ont été brutalisés par la police. L’hôpital a fermé 8 jours.
Le docteur Mukwege affirme qu’il est impossible de travailler en essayant de sauver le vie de femmes violées et meurtries tout en essayant de combattre la violence. A la ré-ouverture de l’hôpital lundi, 40 à 60 femmes au moins étaient là pour des soins chirurgicaux. Malheureusement cet incident à Panzi est à compter au nombre de centaines d’autres qui se passent ici. Il y a tellement de bagarres ici au nord de la province de Kivu et tellement de gens  qui meurent. Il est presque impossible de savoir qui aider en premier et quelles sont les priorités.
Mais une fois encore, malgré la folie ambiante, j’ai foi dans le mouvement, foi en ces femmes et ces hommes qui désirent la paix, qui luttent jour et nuit pour apporter confort et soutien et se protéger les uns les autres. Comme toujours, j’ai côtoyé des femmes fortes, intelligentes et généreuses et aussi des hommes (il y en a quelque-uns appartenant au mouvement ici) qui ont organisé l’évènement et qui chaque jour, travaillent en apportant leurs soins et leur talent aux femmes en voie de guérison.

Tout comme je l’avais fait à Goma, j’ai passé la semaine avec les survivantes, les préparant à prendre la parole en public afin de briser La loi du Silence. Les récits sont en pièce annexe et vous constaterez le degré de folie et la cruauté dont elles ont fait l’objet. Ma semaine a été pénible et difficile et je commence juste à comprendre tout ce que j’ai entendu parce que le mental peut à peine supporter toute cette horreur.

L’évènement a eu lieu dans un espace intimiste. Les activistes l’avaient décoré en rose et mauve. Partout il y avait des banderoles et des affiches. Des centaines de gens sont venus. Chaque personne, fut-elle officier de police ou agent administratif portait il me semble notre « pin’s ». Les activistes et des groupes locaux tenaient des stands vendant leurs produits et offrant leurs services et leurs conseils légaux aux survivantes. Le gouverneur est venu, accompagné des autorités locales. Les membres de l’Unicef ont fait un excellent travail. Christine Schuler Deschryver a merveilleusement traduit les récits. Les survivantes se sont montrées tellement fortes, expressives et vraies. Le gouverneur tout en leur parlant et en leur remettant un foulard rose, pleurait. De ce fait il a encouragé les personnes présentes à pleurer et à ressentir sans doute pendant un instant que le gouvernement était là pour lutter contre cette folie. Après les récits, les femmes ont affirmées leur joie : la joie et la liberté de briser le silence. Il y a eu une conférence de presse et des centaines de gens sont restés et ont posés des questions. Etaient présents, les journaux locaux, les stations de radio locales, la BBC et le New York Times. Ensuite nous avons partagé un bon repas et savouré la victoire en étant solidaires.
Tout cela peut sembler une goutte d’eau face à ce champ de dévastation. Parfois on peut se dire que tout est fichu ici. Mais je pense à toutes ces femmes qui sont venues et ont dit que cette journée leur avaient  rendu du courage, qu’elles se sentaient plus fortes et qu’elles allaient rompre la loi du silence et elle sont aussitôt racontées leur vécu ; je crois que le temps fait son œuvre et que le processus de construction est en marche.
Il y a 10 ans, le V-Day a eu lieu seulement dans une ville et personne ne pouvait prononcer le mot Vagin. Maintenant il a lieu dans 120 pays et 60 millions de dollars ont été récoltés et le mouvement continue de grandir. Il y a eu une femme qui a dit le mot, brisant le silence, puis une autre femme s’est emparée du mot, suivie à nouveau d’une autre femme et c’est ainsi que cela va aussi arriver au Congo. Ce mouvement pour arrêter la violence sexuelle devient de plus en plus fort. A chacun de mes séjours ici, je vois de plus en plus de femmes et d’hommes qui s’engagent et qui deviennent forts. J’espère qu’ils seront des milliers et qu’ils prendront le pouvoir.
Un compte-rendu s’est tenu avec les activistes après l’évènement. Il y a un plan en 3 parties qui va se dérouler ici et dans le nord Kivu. En 1er : tous les groupes vont présenter 5 demandes qui seront soumises aux autorités provinciales. Les autorités auront 6 mois pour les mettre à exécution. Si les demandes aboutissent favorablement, une fête suivra. Sinon, femmes et hommes occuperont les locaux. Ensuite une demande sera à nouveau présentée. Si elle n’est pas suivie d’effets, des manifestations nationales verront le jour. A nouveau, la demande sera soumise. Sans effet, les femmes se mettront en grève au niveau national.
Notre travail continue. On se voit cette semaine pour commencer à construire la Cité de La Joie. Nous avons l’argent et les plans. Ensuite viendront les propositions des constructeurs et la construction elle-même. Il y aura des centres de Joie dans les villages pour les femmes les plus durement atteintes, des bâtiments communautaires et des centres de convalescence.

Je suis encore là pour quelques semaines. Je vais travailler sur le tas pour voir surgir cette Cité de la Joie et aller dans les villages voir quels sont les besoins.
Vous trouverez en pièce annexe les récits des survivantes. Attention :  c’est choquant. Mais ce qui est remarquable c’est de constater que chacune de ces femmes s’est emparée de cette occasion et s’est levée, devenant une activiste et montrant la voie à d’autres pour Briser Le Silence.
Avec toute mon affection
Eve

Extraits des récits des survivantes qui ont Brisé le Silence à Bukavu lors de l’évènementiel du 19 septembre 2008

CLAUDINE
Mon but est de dénoncer le viol. J’ai 52 ans et neuf enfants. Nous souffrons beaucoup même s’il disent que c’est la paix. C’est faux. Je vais vous dire ce qui s’est passé. Je vendais de la bière au marché. On a rencontré des « Interhamwe ». Ils nous ont arrêtés. Ils parlaient le « Kinyarawnda ». On était 12 dans notre groupe. Ils sous ont dit « Aujourd’hui vous allez voir. Vous allez avoir d’autres maris. » Ils nous ont dit de nous coucher par terre. Ils ont commencé à nous battre avec des bâtons. Puis ils nous ont violés. Ils nous ont conduites dans les bois. Et à nouveau battues. Et à nouveau violées. Ensuite on a marché jusqu’à une heure du matin vers un autre camp. On a été ligotées à des arbres, ligotées très serré. Il y avait 6 femmes et 2 hommes. Ils nous ont violé devant eux. Toute la misère du monde brinquebalait dans nos têtes. On s’est réveillées affamées. Ils nous ont dit qu’il allait y avoir d’autres invitées. De nouvelles esclaves sexuelles.  Ils sont arrivés avec une femme enceinte. Ils m’ont demandé de lui ouvrir le ventre avec un couteau. Je ne pouvais pas. Mes mains tremblaient. Ils l’ont ouverte et jeté le bébé au sol. La femme est morte. Ils ont alors découpé le bébé et l’ont fait  bouillir. Chaque homme a pissé dessus et l’a maculé de merde. Puis ils ont dit qu’on devait le manger. Eux, ils ont acheté des bananes. Et ils ont dit de manger le corps. Ils ont dit « Congolaises de merde. Vous mangez vos sœurs ». puis le mari de la femme enceinte est venue, il cherchait sa femme. Ils l’ont amené jusqu’à l’endroit de la délivrance. Il a sorti son argent. Un autre soldat est arrivé, l’a frappé et ils l’ont tué. Ils nous ont gardé 2 mois. Ils nous disaient « vous allez mourir bientôt ». On disait « oh mon Dieu » ! Et eux disaient « Dieu, on connaît pas ». Au matin, on a entendu des soldats congolais. Ils ont crié de nous mettre au sol. Il a eu beaucoup de tirs. Puis ils nous ont dit de nous relever et on est venus à l’hôpital Panzi. On s’est occupé de nous. On n’était pas infecté par le virus du Sida.
De retour chez nous, les « Interhamwe » sont revenus. Ils ont tué mon oncle, mon fils, ma belle-sœur. Je les ai entendu leur couper la tête.

MARTAH
J’ai 36 ans. Je revenais du marché. J’étais accompagnée d’une femme plus âgée. Je suis arrivée à un croisement. Ils m’ont demandé de l’argent. Ils m’ont poussé sur un côté et dit de me déshabiller. J’ai refusé. L’un m’a gifflée et frappé aux yeux. Il puait l’alcool. Il ont commencé à me violer. L’un surveillait pendant que l’autre me violait. La femme plus âgée à commencer à crier. Puis ils ont échangé leur place. Moi, j’ai le sida et je suis enceinte. Mon mari m’a viré de la maison. Il m’a viré sans rien, avec les enfants. Des chrétiens m’ont aidé. Une organisation m’a aidé à m’accepter comme je suis. Je suis ici pour témoigner. Même si on a été violé et qu’on a le sida, la vie continue. Je veux Briser le Silence afin que celles qui ont le sida puissent être aidées.

JEANNETTE
J’ai 31 ans et 4 enfants. Je suis ici parce que je veux vous dire, à vous les autorités ce qui m’est arrivé. En plein milieu de la nuit, des gens ont frappé à notre porte. Ils nous ont réveillés. J’ai cru que c’était les amis de mon mari. Mon mari leur a dit qu’il était fatigué, et qu’il les verrait le lendemain. Pendant qu’on parlait on a vu des torches électriques dans la maison. L’un a dit : « qui a dit qu’il nous verrait demain ? » J’ai répondu « je suis seule ». Avec leurs lampes électriques ils ont regardé sous le lit et ont trouvé mon mari. Ils ont pris un drap et ont enroulés les enfants dedans et les ont placés sous le lit.  Ils ont demandé à mon mari et à moi-même de retirer nos vêtements. Ils ont demandé 100 $ à mon mari. Il a dit qu’il n’avait pas cet argent, mais qu’il y avait le cochon et qu’ils pouvaient le prendre. Ils ont dit « on veut 100 $ ». Mon mari a dit « que puis-je vous donner d’autre » ? Ils ont dit donne ta femme, on va la violer. Mon mari m’a dit d’obéir pour qu’ils nous laissent tranquilles. Ils ont commencé à me violer. Quand le premier m’a eu il a dit aux autres que j’étais bonne. Que j’étais la meilleure qu’il ait eu. Tous les autres piaffaient d’impatience. J’étais enceinte et sur le point de vomir. Mon mari a eu peur que j’attrape le sida. Il les a supplié d’arrêter et ils l’ont descendu d’un coup de feu. J’ai vu ses boyaux sortir de son ventre et j’ai crié. Ils m’ont tiré dans la jambe et laissé croire que j’étais morte. Des gens sont arrivés pour me conduire à l’hôpital. Ma jambe était en partie détruite. Je ne savais pas où était mes enfants. Un docteur les a trouvé, ils mendiaient au coin d’une rue, il me les a apporté.
A chaque fois que je regarde ma jambe, je me souviens.
C’est difficile de m’occuper de mes enfants et de rester en vie. Tout ce qu’il faut faire c’est arrêter les viols ici au Congo et en finir avec cette guerre. Beaucoup de femmes se cachent.
Mais il n’y a rien à cacher. Il faut Briser le Silence.

PASQUALINE
J’ai 39 ans. Je remercie Dieu d’avoir la possibilité de raconter aux autorités ce qui m’est arrivé. On était à la maison avec ma famille la nuit. On a entendu des gens forcer la grille d’entrée. On a vu une torche électrique. Ils avaient donc pénétré dans la maison. Ils parlaient le « kinyarawnda ». Certains étaient en civil, d’autres en militaire. Ils m’ont demandé de me mettre debout. On tremblait tous. Ils ont pris mon mari et ont commencé à le battre. On s’est regardé. Pourquoi ? Qu’est-ce qu’on a fait de mal ? Ils étaient nombreux à l’intérieur et à l’extérieur.  Ils ont pris ma belle-mère, mon mari, mon frère. Ils m’ont dit de m’allonger. Ils ont demandé à mon beau-père de coucher avec moi. Il a refusé. Ils ont dit « on va t’obliger ». Il a dit « tuez-moi plutôt ». Aussitôt, ils l’ont tué. J’ai perdu connaissance. Ils ont pris mon beau-frère et lui ont dit de coucher avec moi et avec sa mère. Il a refusé. Ils l’ont tué. Ils m’ont battu et mes enfants aussi. Ils ont pris mon mari. 7 militaires sont restés, les autres ont emmenés mon mari. L’un après l’autre, ils m’ont violé. J’ai été violé encore et encore. Quand je suis revenue à moi, mon utérus était sorti. Ils m’ont transporté dans un véhicule et amené à l’hôpital Panzi à Bukavu. Là, on m’a soigné et on a pris soin de moi. Des conseillers m’ont écouté. Je suis restée 3 mois. J’allais mieux. Ils ont décidé que je devais subir une intervention chirurgicale. Ensuite, je suis rentrée au village. Pas de mari. Pas de père. Je suis allée à la recherche de mes enfants. Un an après, notre village à de nouveau été attaqué. J’ai entendu des coups à la porte. Je me suis cachée sous le lit. Encore une torche électrique. J’ai dit j’ai déjà souffert. Pourquoi voulez-vous recommencer ? 3 hommes m’ont violé. J’ai de nouveau été conduite au Panzi.
Pourquoi je ne peux pas oublier ? Chaque fois je suis blessée à l’intérieur. J’ai mal quand je soulève des choses. Quand je marche. Je suis ici pour dire aux autorités qu’il y a beaucoup de souffrances et que d’autres ne disent rien. On ne veut pas rester silencieuses. Venez et Brisez le Silence.

HONORATA
Je m’appelle Honorata. J’ai choisi de témoigner en Français parce que beaucoup de gens pensent que les villageoises qui sont pour la plupart sans éducation sont exposées au viol et à la violence.
Qui que vous soyez, où que vous soyez, ils peuvent vous violer.
J’ai 56 ans, je suis mère et mariée depuis longtemps. J’ai été prof pendant 25 ans. La plupart des profs n’ont plus de salaire alors j’ai commencé à faire autre chose. J’ai vendu de la nourriture, du sucre, aux gens de la mine le week-end. Un dimanche soir, je travaillais à la mine et il y a eu une attaque. Ils ont pris 10 femmes et nous ont emmenés dans la forêt en nous faisant faire des cercles. Ils voulaient nous faire croire que nous étions loin. On a marché ainsi longtemps, jusqu’à une heure du matin. On avait faim. Ils ont dit qu’ils voulaient partager le repas et que j’étais le repas. 5 hommes m’ont battu et violé. Ils m’étalaient sur le sol et me violait. Ils m’ont écrasé les yeux et j’ai du mal aujourd’hui à lire sans lunettes. Ils m’ont cassé les dents. Ils m’ont enlevé mon alliance et dit « maintenant tu n’es la femme de personne. Tu nous appartiens. »  Ils m’ont gardé toute l’année 2002. C’était un supplice, j’étais l’esclave sexuelle de chacun et de personne. Ils nous baladaient de forêt en forêt. Je me laissais aller. Je ne supportais plus rien. Ils m’ont surnommé la Reine. Au début j’ai cru que c’était bien. Puis j’ai compris que la Reine était celle qui était violé en public. Ils me mettaient sur une croix, la tête près du sol. Et ils me violaient à tour de rôle dans cette position. Au bout de leurs armes, ils mettaient du désinfectant qu’ils me fourraient dedans après que chacun m’ait violé pour me nettoyer. A chaque fois que j’entends le mot « repas » et le mot « reine » je deviens folle.
Un jour il y eu du grabuge. Ils nous ont ignoré et je me suis enfuie. J’ai marché 300 kms et je suis arrivée à Bukavu en janvier 2003. Plus personne de ma famille ne voulait de moi.  Ils ont dit que les Hutus m’avaient violé. Je devais partir. J’ai rencontré d’autres femmes qui étaient dans la même situation. On a vécu ensemble dans la même maison. Quelques mois plus tard, les Tutsis ont attaqués. Ils sont entrés dans notre maison et nous ont violés. Il était 2 heures de l’après-midi. J’ai voulu me tuer. J’ai saigné pendant 2 semaines. Une religieuse s’occupait des survivants. Elle m’a donné des vêtements et de l’argent. J’allais mal et j’ai eu 6 piqûres. J’ai travaillé un an au centre « les femmes pour les femmes ». Puis, j’ai suivi un stage et maintenant j’aide des femmes. Je leur donne du courage. Mes enfants suivent des études. L’un va obtenir un diplôme d’ingénieur.
Je veux Briser le Silence parce que beaucoup croient encore que le viol est une invention. Je veux dire aux autorités locales et internationales que lorsque vous ne brisez pas le silence, vous devenez complice. Les autorités devraient cesser de traiter le viol comme une chose ordinaire. Le viol et le crime c’est la même chose. J’aimerais que le pouvoir judiciaire cesse d’être corrompu. Je voudrais voir tous les violeurs en prison, pour le restant de leurs jours. Demain ce sera le tour de votre mère, de votre fille. C’est la raison pour laquelle je brise le silence. Une chose que je ne peux oublier : mon alliance. En or et toute simple. Je me suis mariée le 3 avril 1977. Mon mari a disparu en 2001. J’étais jeune prof quand je me suis mariée. J’ai chanté. C’était un moment de joie. J’étais chef de chœur le jour de mon mariage à l’église catholique. A cette époque beaucoup d’hommes avaient 2 ou 3 femmes. Mon mari et moi avons opté pour la monogamie. On était catholiques. A part les violeurs, je n’ai pas connu d’autre homme.

   

(Traduction de Geneviève Robin)

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